Blizzcon 2019. Blizzard annonce en fanfare Overwatch 2. Principal argument de cette suite, un mode histoire qui viendra étoffer l’univers du jeu et les personnages, le scénario étant jusqu’alors distillé dans des courts-métrages, comics, nouvelles et autres contenus extérieurs au jeu. Les ambitions du studio se heurteront à un certain nombre de déconvenues dont le rabotage du mode histoire. Si les astres avaient brillé, Overwatch 2 serait sorti avec une campagne où les joueurs auraient lutté ensemble contre les forces omniaques. 

Dix mois plus tard, la promesse initiale ne pourra pas être tenue. Pas d’arbre de talents, de progression de puissance à long terme, l’éditeur revoit ses ambitions à la baisse quitte à décevoir son public. La partie narrative demeure, mais amputée. La campagne devient alors des missions ajoutées au compte-gouttes qu’il faudra impérativement payer. Les trois premières missions arrivent justement en même temps que la saison 6 et nous avons pu les essayer à l’avance. 

Le mode PvE d'Overwatch 2 est arrivé

overwatch 2 invasion

L’histoire reprend juste après l’appel de Winston, tout premier court-métrage d’Overwatch. Face au danger que représente la Griffe et le soulèvement des omniaques qui se prépare, il lance un appel aux anciens agents de l’organisation pour mettre fin à la menace. Sept ans plus tard, l’évent Invasion et ses trois missions narrent les événements se produisant immédiatement après que la troupe soit réunie. Overwatch est de retour, mais c’est désormais une organisation hors-la-loi avec quelques nouvelles recrues comme D.Va, Lucio ou Mei. Certains des personnages que l’on voit interagir entre eux depuis sept ans maintenant apprennent tout juste à se connaître, d’autres se retrouvent enfin. Il y a quelques passages sympathiques, les cinématiques profitent d’un soin qui se rapproche des courts-métrages qualitatifs avec moins de fignolage, et ça suffit à faire vibrer la corde sensible du fan qui suit assidûment les aventures de cette petite bande depuis près d’une décennie. 

Direction Gothenburg, et des versions revisitées de Rio de Janeiro et Toronto le temps de trois petites missions en PvE. Chacune d’elle imposera un roster défini de personnages, le joueur pouvant choisir librement son combattant parmi eux. Pour pimenter le tout, certains personnages ont un kit de compétences légèrement modifié, s’expliquant par l'inexpérience de certains. Par exemple, la mission à Toronto propose d’incarner Sojourn, Pharah, Ange, Winston et quelques autres membres d’Overwatch. Une armée de mécas maléfiques a pris la ville d’assaut et au groupe d'évacuer les civils et d’escorter quelques rescapés. Défense d’un point donné, protection de personnages attaqués de toute part, l’ensemble des missions d’Overwatch 2 demandent un minimum de coopération et coordination. Si les objectifs restent classiques au possible, difficile de ne pas s’éprendre du soin apporté à chaque détail. Blizzard nous sert encore une fois un travail d’orfèvre sur la réalisation, notamment de ses cartes et les nouveaux ennemis. Certains reprennent ouvertement les movesets de certains héros, mais on sent que les Robots du Secteur Zéro ont été bichonnés en attestent les animations lors qu’on les démembrent. On sent qu'ils y ont mis du cœur, mais si l’enrobage est agréable ce bonbon a un sacré goût amer. Les éléments narratifs, grande promesse du mode de jeu, sont tout juste corrects. 

Une histoire qui arrive trop tard ?

overwatch 2 mode histoire

Les situations sont nouvelles, certains personnages sont à peine épaissis, mais l’histoire en elle-même n’apporte pas vraiment grand-chose. On n’apprend réellement rien de plus que ce qu’on a déjà entendu dans la salle d’attente ou vu dans un court-métrage. Reinhart n’aime pas les omniaques, Sojourn était réticente à revenir dans le groupe, Torbjorn a pris soin de Bastion, Lucio admire Overwatch. On déjà vu et entendu comment les personnages interagissent entre eux. La genèse peine développer ou à révéler quoique ce soit qu’on ne savait déjà. Les développeurs souhaitent raconter explicitement, et surtout officiellement, les éléments narratifs qu’ils ont teasé ces sept dernières années et il le fait assez bien, mais la sensation que ça arrive trop tard nous colle à la peau comme une bombe de Cassidy. Blizzard aurait amplement pu développer ces anciens pans narratifs au travers d’une série animée ou de courts-métrages. Après le succès d’Arcane (League of Legends), il semblerait d’ailleurs que les développeurs se penchent sur cette option. « Tout peut arriver, on ne peut pas vraiment en parler. Je vais donc juste me contenter de sourire et d’hocher la tête », a répondu l’un d’entre eux lorsque la question lui a été posée lors d’une interview groupée.

Overwatch 2 semble aller dans la bonne direction. L’ultime cinématique est très claire sur un point : du neuf arrivera avec la prochaine vague de missions. Et c’est ça que recherche la partie de la communauté attachée aux personnages et friande du lore de la licence. Le problème c’est qu’il va falloir encore patienter avant d’avoir ce que le public visé par ces missions demande. Overwatch 2 va devoir représenter tout son univers, ses personnages principaux et après autant d’attente, ça semble beaucoup trop long. Les missions en elle-même ne sont pas mauvaises. Mais soyons honnêtes, 15€ un lot de trois missions de 20 à 30 minutes avec des objectifs qui modifient légèrement l’expérience en partie rapide et une replay value assez maigre, la pilule aura du mal à passer. Si cela peut consoler, le prix inclut également de quoi s’acheter un Battle Pass et un skin légendaire, mais eh, restera toujours moins cher que d’acheter une tenue légendaire dans la boutique.